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Abstention, "dégagisme", parité... Ce qu'il faut retenir des législatives

Franceinfo revient sur les principaux enseignements de ce scrutin qui s'est conclu dimanche.

Article rédigé par franceinfo
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Les députés sont installés par ordre alphabétique et par couleur politique dans l'hémicycle. (GILLES TARGAT / AFP)

Emmanuel Macron a réussi son pari. Le chef de l'Etat a obtenu, dimanche 18 juin, une des plus larges majorités parlementaires de la Ve République à l'occasion du second tour des élections législatives. Un scrutin marqué par une abstention qui atteint de nouveaux sommets. Vague Macron, "dégagisme", déroute du PS... Voici ce qu'il faut retenir de ce second tour.

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Moins d'un électeur sur deux est allé voter

Selon les résultats définitifs, l'abstention a atteint 57,36% au second tour des législatives, un record sous la Ve République. Un "socle électoral étroit" qui "fragilise la vague Macron de la présidentielle et donne un coup de frein à sa dynamique irrépressible enclenchée depuis plusieurs mois", assure Bruno Cautrès, politologue au Cevipof, interrogé par franceinfo.

L'abstention finale du second tour. (FRANCEINFO)

Catherine Barbaroux, présidente par intérim du mouvement d'Emmanuel Macron, a tiré la leçon de cette faible mobilisation. "Nous accueillons cette victoire avec beaucoup de lucidité, de responsabilité et d'humilité", a-t-elle reconnu dimanche soir. Pour le chef de file des sénateurs Les Républicains, Bruno Retailleau, ce haut niveau d'abstention "est une mauvaise nouvelle pour la démocratie comme pour la nouvelle majorité présidentielle. Ce soir, Emmanuel Macron est un colosse aux pieds d'argile".

La vague En marche ! a été moins forte que prévu

La République en marche obtient 308 sièges au second tour. L'exécutif n'aura besoin de s'appuyer sur aucun partenaire, pas même sur son allié du MoDem (qui obtient 42 sièges), pour faire passer ses réformes.

Toutefois, le mouvement fait bien moins que ce qu'annonçaient les estimations de l'entre-deux-tours, qui donnaient à LREM plus de 400 sièges. "Il y aura une majorité avec une opposition, c'est une bonne nouvelle", a déclaré au soir de second tour Benjamin Griveaux, porte-parole du mouvement, reconnaissant une majorité moins écrasante qu'annoncé.

"On a peut-être un peu trop laissé penser que tout cela était joué. On a vu qu'il y avait des transferts de vote massifs qui pouvaient passer du Front national vers La France insoumise, que la droite ne s'est pas mobilisée, même face au Front national. Peut-être que notre propre électorat ne s'est pas déplacé aussi, pensant que les choses étaient faites", a avancé de son côté Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement.

Le PS et Les Républicains ont pris une claque

Le PS a connu "déroute incontestable", a admis son Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis, avant d'annoncer son retrait de la direction du parti. Avec seulement 29 sièges contre 295 en 2012, le Parti socialiste obtient deux fois moins de sièges que lors du précédent désastre de 1993. Avec ses alliés PRG et divers gauche, son groupe pourrait atteindre 44 députés.

Pour Les Républicains, le constat n'est guère plus réjouissant. LR obtient 113 sièges et l'UDI 18. Les Républicains perdent environ la moitié de leurs députés par rapport aux 225 parlementaires de l'Assemblée sortante. François Baroin, chef de file de la campagne des Républicains, s'est consolé en évoquant "la constitution d'un groupe suffisamment important pour faire entendre [les] convictions" de la droite.

Le constat était plus amer pour Valérie Pécresse. "La droite a raté son rendez-vous avec les Français, a déclaré la présidente de la région Ile-de-France sur France 2. C'est plus qu'une défaite, c'est la fin d'une époque. Depuis la défaite de 2012, nous n'avions pas changé de logiciel."

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélechon arrivent dans l'Hémicycle

Bonne opération pour la gauche radicale, composée de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon et du Parti communiste, qui devrait envoyer 27 députés (17 FI et 10 PCF) à l'Assemblée nationale. Elu à Marseille, Jean-Luc Mélenchon a annoncé que son mouvement disposera d'"un groupe autonome à l'Assemblée nationale".

Quant au Front national, il décroche finalement huit sièges à l'Assemblée. Un score éloigné des ambitions affichées il y a quelques semaines par le parti d'extrême droite. Sans oublier que le FN échoue du coup à constituer un groupe dans l'Hémicycle. Toutefois, le résultat de dimanche soir est meilleur que les projections réalisées après le premier tour, qui donnaient un à cinq sièges pour le FN. Elue dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, Marine Le Pen va quitter le Parlement européen pour le palais Bourbon.

Mais ces résultats risquent de laisser des traces au sein du parti. "Nous ne devons pas crier victoire parce que le Front national a pris un sacré coup dans la tête", a ainsi affirmé dimanche soir Gilbert Collard, réputé "mariniste", mais l'un des plus critiques envers Florian Philippot. "Il va falloir maintenant réfléchir très sérieusement au fonctionnement du mouvement et à la manière dont on doit s'organiser."

Les électeurs ont voulu renouveler l'Assemblée

De droite ou de gauche, ils ont été balayés. Pour beaucoup de pontes socialistes ou Les Républicains, le second tour a confirmé ce qui avait été annoncé lors du premier : une volonté de renouveler les visages des élus. Les ministres socialistes en ont fait les frais, comme Najat Vallaud-Belkacem, défaite dans la 6e circonscription du Rhône, Myriam El Khomri battue à Paris ou Marisol Touraine vaincue dans la 3e circonscription d'Indre-et-Loire

Même si la débâcle a été moins violente à droite, certains ténors ont tout de même connu des cuisantes défaites. C'est notamment le cas de Nathalie Kosciusko-Morizet, largement battue (45,47%) par le candidat La République en marche Gilles Le Gendre ou David Douillet, vaincu par la macroniste Florence Granjus.

Il n'y a jamais eu autant de députées

Si la parité ne sera toujours pas respectée au sein de l'Hémicycle, ce second tour a permis une certaine féminisation de l'Assemblée grâce au renouvellement porté notamment par les candidats de La République en marche. Au moins 223 députées vont faire leur entrée au palais Bourbon. Il s'agit d'un record : elles étaient 155 lors de la précédente législature.

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