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Départementales : un désaveu total pour Manuel Valls ?

Quel bilan pour le Premier ministre, au lendemain d'un second tour des départementales sévère pour la gauche ?

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre, Manuel Valls, vote, dimanche 29 mars 2015, au second tour des élections départementales, à Evry, dans l'Essonne. (MARTIN BUREAU / AFP)

Manuel Valls parle de "net recul", certains diraient plutôt raclée. La gauche perd la moitié des départements qu'elle détenait, à l'issue du second tour des départementales, dimanche 29 mars. Alors que les frondeurs du PS redoublent de critiques à l'égard de la politique du gouvernement, Manuel Valls a réaffirmé qu'il tiendrait son cap, dimanche soir, peu après l'annonce des résultats. Le Premier ministre s'est même félicité au passage de son engagement dans une campagne très difficile pour son camp. Lundi 30 mars, le journal Libération ironise en une sur un Manuel Valls "battu, mais content".

Le résultat de ces élections est-il un camouflet pour le Premier ministre ?

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Oui, parce que le vote-sanction le concerne, y compris dans son fief

Tous les éditorialistes sont d'accord sur un point : la dimension de vote-sanction. L'exécutif Hollande/ Valls a été sanctionné dans le scrutin des départementales jusque dans ses fiefs respectifs. La Corrèze chère au président de la République comme l'Essonne, terre d'élection du Premier ministre, qui y vote toujours, sont passées à droite. Un désaveu d'ampleur puisque dans ce département francilien, sur 42 cantons, seuls 12 sont restés à la gauche.

Non, parce qu'il estime avoir limité les dégâts

Avant le premier tour, Manuel Valls avait fortement dramatisé les enjeux du combat contre le Front national, en affirmant que le parti de Marine Le Pen pouvait gagner en 2017. A l'issue du premier tour, le Front national a fait 25%, soit moins que les 30% annoncés par les sondages. Le Premier ministre a-t-il contribué à ce score moindre que prévu ?

Si d'autres facteurs ont joué, Yves-Marie Cann, directeur chargé de l'opinion à l'institut CSA, ne l'excluait pas, au lendemain du premier tour. "Le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a réussi à revenir au centre du jeu la semaine dernière, et le Premier ministre, Manuel Valls, a également réussi à remobiliser." Avis partagé par l'intéressé, qui estime avoir limité les dégâts au premier comme au second tour. "Les appels à la mobilisation républicaine ont été entendus, d'autant plus que je me suis fortement mobilisé", a-t-il plastronné, selon Libération.

Non, parce qu'il est maintenu à Matignon

Quelle qu'ait été la claque de dimanche, Manuel Valls a au moins une assurance dont était privé son prédécesseur Jean-Marc Ayrault. Sauf coup de théâtre, il restera en principe à Matignon pour poursuivre la ligne social-démocrate - "social-libérale", selon ses adversaires - définie en accord avec François Hollande.  Une ligne dont la loi Macron, passée en force en février à l'Assemblée nationale grâce au 49.3, reste le symbole.

Le couple exécutif espère en effet la reprise tant annoncée, et une croissance supérieure au 1% annoncé, dont il pourrait attribuer le bénéfice aux réformes mises en œuvre. La conjoncture y semble favorable avec la baisse de l'euro, du coût de l'énergie et des taux d'intérêts. Sérieux bémol : le chômage, toujours à la hausse, avec 3,5 millions de chômeurs en catégorie A (sans aucune activité) en février.

Non, parce que cela lui permet de dramatiser les appels à l'unité

Si le scrutin de dimanche a été sévère pour la gauche, il a aussi confirmé la "tripolarisation" UMP-FN-PS. Ce qui va permettre à Manuel Valls de multiplier les appels à l'unité, comme il l'a fait dès dimanche, en imputant le "net recul" de la gauche à sa division. "La gauche peut mourir", avait-il déjà proclamé en juin 2014. Vu le score du PS, il pourra à nouveau marteler que toute division s'avère suicidaire.

Mais, pas plus que le chef de l'Etat, Manuel Valls n'entend sacrifier sa politique à une plus grande ouverture. L'unité, donc, mais à ses conditions. Si le Premier ministre s'est dit "favorable" au retour des Verts dans le gouvernement et "toujours ouvert" au "rassemblement de toute la famille socialiste", c'est avec "une exigence" : "la cohérence, la cohésion, la loyauté". Ce discours suffira-t-il à éteindre la "fronde" de quelques dizaines de députés socialistes de l'aile gauche, qui l'ont obligé à recourir à l'article 49.3 pour faire adopter sans vote le projet de loi Macron ?

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