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Trois questions pour comprendre la colère des producteurs laitiers contre Lactalis

Les principales organisations syndicales de producteurs agricoles lancent, lundi, une mobilisation nationale pour faire plier Lactalis. Ils dénoncent le prix de rachat du lait par l'entreprise, jugé trop bas.

Article rédigé par franceinfo
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Un agriculteur lors d'une action de protestation au Mans (Sarthe), en juillet 2016. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

"Étranglés" par des cours très bas, les producteurs de lait ont décidé, lundi 29 août, d'accentuer la pression sur le groupe Lactalis, en organisant une "action d'envergure nationale". Ils souhaitent que le géant laitier remonte ses prix d'achat.

Francetv info revient sur les raisons de leur colère. 

Pourquoi les producteurs de lait ont-ils décidé de manifester devant le siège de Lactalis ?

Si le numéro un mondial, connu pour ses marques comme Lactel, Bridel ou Président, suscite particulièrement la colère des éleveurs, c'est parce qu'il est accusé d'être le plus "mauvais payeur" de France, explique Pascal Clément, président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles de l'Ouest (FRSEA).

Selon les organisations syndicales, Lactalis paye actuellement 256 euros les 1 000 litres de lait payés à ses producteurs – soit un prix de 10 à 30 euros inférieur à ce que paient ses principaux concurrents. Or, le prix de production moyen pour les producteurs de lait est estimé autour de 350 euros pour 1 000 litres. "On est dans une situation dramatique, affirme Pascal Clément, et elle continue de se dégrader", alors que "les groupes laitiers ont fait des résultats en très forte hausse l'an dernier"

En Mayenne, premier département laitier de France avec le Finistère, environ 80% des 3 200 exploitations laitières seraient en grande difficulté, selon la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA). 

Quelles sont les raisons de ces prix trop bas ?

Les éleveurs espèrent revaloriser le prix du lait afin d'arriver à "un juste prix", selon les responsables syndicaux. Pas sûr néanmoins qu'ils se fassent entendre par la multinationale. Dans un communiqué publié le 18 août, le groupe laitier Lactalis a dénoncé un "discours irresponsable" et critique un "syndicalisme agricole" qui "refuse la réalité du marché et s'en prend à une entreprise en particulier". Pour l'entreprise, cette crise est "avant tout une crise de surproduction".  

De fait, les producteurs de lait sont particulièrement fragilisés par le contexte économique depuis plusieurs années. Mais la crise s'est particulièrement accentuée depuis deux ans, après la chute des exportations vers la Chine et l'interruption des exportations vers la Russie en raison de l'embargo décidé par Moscou. 

La filière a également été particulièrement touchée par la fin des quotas laitiers européens, le 1er avril 2015, qui permettaient de fixer une quantité maximum par pays. Du coup, la production de lait a augmenté alors que la demande interne restait stable. Depuis, les cours du lait ne cessent de s'effondrer. En 2014, le prix pour 1 000 litres avoisinait 365 euros. En 2015, il était autour de 305 euros. Il est désormais de 260 euros environ. 

Jusqu'où les producteurs de lait sont-ils prêts à aller ?

Néanmoins, à Laval, les producteurs de lait ne souhaitent pas céder face à Lactalis, qui achète plus de 20% du lait français auprès de 17 000 producteurs. "Cette action est prévue pour durer tant qu'une véritable négociation ne sera pas engagée avec Lactalis", déclare Pascal Clément, le président de la Fédération régionale des syndicats d'exploitants agricoles de l'Ouest.

Franck Guéhennec, de la FDSEA du Morbihan, annonce de son côté que les producteurs, venus de Bretagne, de Normandie et des Pays de la Loire, ont prévu de se relayer chaque jour afin "de tenir dans la durée". 

C'est la seconde année consécutive que les producteurs de lait se mobilisent contre Lactalis. En juillet 2015, l'entreprise avait vu son siège bloqué par 500 tracteurs et un millier de manifestants. 

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