Parler de la banlieue au milieu des Champs-Elysées, c'est le pari artistique du rappeur Kery James, installé jusqu'au 28 janvier au théâtre du Rond-Point, à Paris, pour jouer une pièce qu'il a écrite : À vif. Une réflexion puissante et crue sur une France souvent mise de côté, avec les mots et l'engagement d'un artiste plus que convaincant sur scène.Du rap aux planches, les mots de Kery James ne perdent aucune force. Sur scène, le rappeur prolonge son art en se faisant réellement avocat, engagé dans une joute verbale avec un autre aspirant au barreau qu'incarne Yannik Landrein. Entre eux, une phrase : "L'État est-il le seul responsable de la situation actuelle dans les banlieues ?"Le public dans la salle est un jury populaire. On écoute chaque argument, chaque énervement au fil des tentatives d'explication de problèmes réels ou fantasmés. Pour Kery James, rappeur mais aussi chroniqueur et représentant depuis plus de vingt ans de ce que la banlieue a à offrir, c'est le prolongement d'une écriture acide et pointue.J'ai toujours eu la conviction qu'il ne suffisait pas de réciter ses textes, mais qu'il fallait les vivreKery JamesPlus que les mots, percutants, que le rythme, emballé et puissant, c'est le lieu et le public, mélangé, qui importent.La banlieue vient au (théâtre du) Rond-Point telle qu'elle est vraimentKery JamesLa banlieue, ce mot qui fait souvent peur, objet de fantasmes et de déformations médiatiques... On en rit, on la prend en pleine figure pendant près d'une heure et demie. Avec À vif, ce sont surtout deux France qui ne se rencontrent jamais qui se côtoient enfin pour un temps. Kery James, banlieusard et créateur de lien. Kery James au théâtre, les banlieues au cœur et aux mots écouter À vif, de et avec Kery James, avec Yannik Landrein, mise en scène de Jean-Pierre Baro. Au théâtre du Rond-Point à Paris jusqu'au 28 janvier, puis en tournée dans toute la France.